I – DÉFINITION
On appelle hémoptysie le rejet par la bouche dans un effort de toux de sang provenant des voies aériennes sous-glottiques.
II – DIAGNOSTIC
A) DIAGNOSTIC POSITIF
– Il est facile quand on assiste à l’hémoptysie.
– Il est plus difficile quand on n’y assiste pas. Il faut alors un interrogatoire minutieux afin de préciser les éléments suivants :
- L’existence de prodromes : chaleur rétro-sternale, chatouillement laryngé.
- Le rejet du sang après un effort de toux.
- L’aspect du sang qui est rouge et aéré.
- Répétition des hémoptysies au cours de la journée.
- Quelques jours après l’hémoptysie, les crachats contiennent des petites particules de sang noirâtre : « queue de l’hémoptysie ».
B) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL.
Il se pose quand on n’a pas assisté à l’hémoptysie. Il faut éliminer les autres causes de rejet de sang par la bouche :
- Les hémorragies gingivales et les épistaxis.
- Et surtout les hématémèses. Habituellement, les hématémèses sont caractérisées par :
- Des prodromes à type de nausées.
- Le rejet du sang après un effort de vomissement généralement sans répétition dans la journée.
- L’aspect noirâtre du sang non aéré, mélangé à des particules alimentaires.
- Quelques jours après l’hématémèse, les selles contiennent du sang digéré noirâtre appelé méléna.
C) DIAGNOSTIC DE GRAVITE
1- HÉMOPTYSIE FOUDROYANTE : entraîne le décès en quelques secondes.
2- HÉMOPTYSIE DE GRANDE ABONDANCE. Elle correspond au rejet brutal d’une grande quantité de sang entraînant un état de choc hémorragique qui nécessite un traitement d’urgence.
3- HÉMOPTYSIE DE MOYENNE ABONDANCE. C’est le rejet d’environ 100 à 200 cc de sang. Il est souvent précédé de prodromes. Elle entraîne un retentissement général : angoisse, pâleur, hypotension artérielle et tachycardie.
4- HÉMOPTYSIE DE FAIBLE ABONDANCE OU MINIME, sous forme de crachats sanglants ou de stries de sang mêlées à des crachats. Généralement, elle est sans retentissement général, mais sa répétition peut entraîner une anémie.
D) QUELQUE SOIT SON ABONDANCE , L’HÉMOPTYSIE A LA MÊME VALEUR SÉMIOLOGIQUE ET IMPOSE UN BILAN POUR RECHERCHER L’ÉTIOLOGIE.
IV) CAUSES DES HÉMOPTYSIES
Certaines causes sont évidentes : affection connue, cliché suggestif. D’autres doivent être recherchées par l’interrogatoire, l’examen physique, la radiographie pulmonaire, éventuellement d’autres examens complémentaires. On distingue les causes broncho-pulmonaires et les causes cardio-vasculaires. Certaines hémoptysies sont d’origine iatrogène. Dans certains cas, l’hémoptysie reste sans cause apparente.
A) CAUSES BRONCHO-PULMONAIRES.
– La tuberculose sous ses différentes formes. Il peut s’agir de tuberculose parenchymateuse, de tuberculose bronchique ou ganglio-bronchique, ou encore de séquelles de tuberculose, notamment l’aspergillome.
– Le cancer bronchique. Il est à redouter chez les fumeurs après la quarantaine.
– Les dilatations des bronches. Les hémoptysies peuvent être isolées (forme hémoptoïque sèche) ou mêlées à du pus, sous forme de crachats hémopurulents.
– Le kyste hydatique au stade de fissuration ou de rupture.
– Le traumatisme thoracique.
– De façon générale, presque toutes les affections broncho-pulmonaires peuvent entraîner des hémoptysies.
B) CAUSES CARDIOVASCULAIRES.
– L’œdème pulmonaire hémoptoïque le plus souvent secondaire à un rétrécissement mitral.
– L’infarctus pulmonaire secondaire à une embolie pulmonaire.
C) HÉMOPTYSIE SANS ÉTIOLOGIES APPARENTES.
Certaines hémoptysies, de petite abondance surtout, restent inexpliquées. Elles nécessitent une surveillance médicale répétée (rechercher un trouble de l’hémostase).