I. Introduction :
L’artère rénale est une volumineuse artère qui assure non seulement la vascularisation du rein, mais aussi celle du segment initial des voies excrétrices, et d’une partie de la surrénale.
Au nombre de 2 artères, une de chaque coté, les artères rénales assure la perfusion des reins d’environ 20% du débit cardiaque.
L’étude anatomique de l’artère rénale revêt plusieurs intérêts :
  – Anatomique : l’importance de ses rapports VN et avec les organes de voisinages.
  – Clinique : non accessible à l’examen clinique.
  – Paraclinique : explorable par artériographie, échographie, écho doppler, TDM et IRM.
  – Pathologique : richesse de sa pathologie malformative congénitale, traumatique, et dégénérative.
  – Chirurgical : sa situation profonde et l’importance de ses rapports expliquent la difficulté de son abord chirurgical. II. Anatomie descriptive :
A. Dimensions :
D’un calibre commun de 7 mm, les artères rénales se différencient par leur longueur : L’artère rénale droite = 7cm ; l’artère rénale gauche =5cm.
B. Origine :
Les artères rénales naissent des faces latérales de l’aorte à hauteur du disque L1-L2 nettement au dessus du hile rénal, l’origine de l’artère gauche est légèrement plus haute que la droite.
C. Trajet :
Le trajet de l’artère rénale est différent à droite et à gauche :
1. L’artère rénale droite :
Se dirige obliquement en bas en dehors et en arrière, en faisant un angle de 60° avec l’aorte, et en décrivant une courbe à concavité postérieure pour se mouler sur les saillies des corps vertébraux et le psoas.
A ce niveau, l’artère rénale droite peut être lésée lors des traumatismes du rachis au niveau L-L2.
Croise la face postérieure de la VCI, et rejoint la veine rénale dont elle suit le bord supérieure, avant de se diviser en ses branches terminales peu avant d’atteindre le bassinet.
2. L’artère rénale gauche :
Suit un trajet presque horizontal en bas en dehors et en arrière, elle est masquée par la veine rénale gauche et est d’emblée à l’intérieur du pédicule. Elle se divise en ses branches terminales un peu avant d’atteindre le bassinet.
D. Terminaison :
A droite comme à gauche la terminaison de l’artère rénale se fait en 2 branches formant avec leurs ramifications 2 plans artériels pré et rétro pyélique :
    Antérieure pré pyélique : se ramifie elle-même en 3 à 4 branches qui cheminent en avant du bassinet, pour vasculariser la moitié antérieure du pôle supérieure et la partie moyenne du rein.
Elle donne également l’artère polaire inférieure qui croise la JPU et vascularise le pôle inférieur du rein.
    Postérieure rétro pyélique : croise le bord supérieure de la face postérieure du bassinet et se ramifie en 3 à 5 artères méso rénales postérieures et donne une artère polaire supérieure. Elle assure la vascularisation de la moitié postérieure du pôle supérieur et de la partie moyenne du rein.
NB : Chacun des pôles peut constituer un territoire autonome, lorsque l’artère polaire correspondante nait directement du tronc de l’artère rénale ou même de l’aorte.
E. Distribution dans le parenchyme :
A l’intérieur du parenchyme, le réseau artériel est constitué par :
     Les artères péri pyramidales = lobaires : cheminent entre les papilles à la surface des pyramides de Malpighi et se terminent au niveau de leurs bases.
     Les artères inter lobulaires : nées des artères lobaires, elles cheminent entre les pyramides de Ferrein.
     Les artères glomérulaires : nées des artères lobulaires.
     Les artères droites : naissent des artères inter lobulaires, glomérulaires et efférentes, et cheminent dans les pyramides de Malpighi.
F. Collatérales :
–  L’artère capsulo adipeuse : pour la graisse péri rénale ; formant avec les rameaux surrénaliens, génitaux, et lombaires un réseau extra rénal.
–  Rameaux ganglionnaires : pour les ganglions lymphatiques et le plexus solaire.
–  L’artère surrénalienne inférieure.
–  Les artères pyélo uretériques : pour le bassinet et la partie initiale de l’uretère.
G. Variations et anomalies :
– L’artère polaire inférieure : qui peut naitre directement de l’aorte.
– Variations d’origine : artère rénale qui nait de l’artère iliaque primitive.
– Variations de longueur.
– Variations de distributions des branches terminales en intra rénal.

Les variations restent extrêmement fréquentes expliquant l’intérêt de l’artériographie rénale si une néphrectomie partielle est envisagée.

H. Aspects particuliers :
– Distribution terminale des artères.
– Absence de symétrie absolue entre les 2 côtés.
– Grande variabilité des vaisseaux.
– Absence de corrélations entre les distributions artérielle, veineuse et lymphatique.

III. Rapports :
A. Rapports de l’artère rénale à son origine :
1. En arrière :
– La face antérieure du disque L1 L2.
– L’origine des 1ères artères lombaires.
– Les 1ères veines lombaires gauches.
– Les lymphatiques rétro aortiques et l’origine du canal thoracique (si origine basse de l’artère).
2. En avant :
– L’artère mésentérique supérieure croisant la face antérieure de la veine rénale gauche.
– Les lymphatiques préaortiques.
– Les ganglions aortico rénaux du système végétatif.
– Le pancréas accolé et la veine splénique.
3. En haut :
– L’artère mésentérique supérieure à son origine en regard du bord supérieur de L1.
– Les artères surrénales moyennes naissant des bords latéraux de l’aorte en regard du disque D12 L1.
– Le tronc cœliaque et les ganglions semi lunaires.
4. En bas :
– Les artères spermatiques ou utéro ovariennes.
– Le plexus inter mésentérique unissant les plexus rénal et du membre inférieur.
B. Rapports pré pédiculaire de l’artère rénale droite :
1. En arrière :
– La face antéro latérale du disque L1 L2.
– Le pilier droit du diaphragme
NB : à travers le diaphragme passent :
– En dehors : le grand splanchnique et la racine interne de la grande azygos.
– En dedans : La chaine sympathique, le petit splanchnique et le splanchnique inférieur.

2. En avant :
– La veine cave inférieure recevant les 1ères veines lombaires et les veines gonadiques.
– Les lymphatiques latéro aortiques droits.
– La tête du pancréas accolée.
– La veine porte derrière l’isthme pancréatique.
3. En haut :
– Le ganglion aortico rénal droit.
C. Rapports du pédicule rénal :
1. Constituants du pédicule rénal :
Le pédicule rénal enveloppé dans une gaine conjonctivo-vasculaire est constitué de :
– Le bassinet : le plus postérieur et le plus externe.
– L’artère rénale : plus en avant, oblique en bas en dehors et en arrière.
– La veine rénale : parallèle à l’artère plus en avant et en dessous.
– Les lymphatiques : 2 groupes ; antérieure en avant de la veine et postérieure en arrière de l’artère.
– Les nerfs : 2 groupes ; antérieure bord supérieur de l’artère et postérieure face postérieure de l’artère.
2. Les rapports du pédicule droit :
a. Dans la loge rénale :
– En haut : la surrénale à distance.
– En bas : l’origine de l’uretère.
b. Par l’intermédiaire de la loge rénale :
– En avant : – Le bloc duodéno pancréatique : partie interne du 2eme duodénum et tête du pancréas.
                  – derrière le pancréas : le cholédoque + la veine porte + les arcades vasculaires duodéno pancréatiques.
– En arrière : le psoas et la masse sacro lombaire.
3. Les rapports du pédicule gauche :
a. Avec les éléments traversant le diaphragme :
– En dedans : le grand splanchnique et la racine de l’hémi azygos inférieure.
– En dehors : la chaine sympathique, le petit splanchnique et le splanchnique inférieur.
b. Dans la loge rénale :
– En haut : la surrénale gauche, l’artère et la veine surrénale gauches
– En bas : l’origine de l’uretère.
c. Par l’intermédiaire de la loge rénale :
– En arrière : Partage les mêmes rapports avec le pédicule rénal droit.
– En avant : – Le pancréas gauche accolé avec le mésogastre postérieur ; les vaisseaux spléniques.
                   – Plus en bas : le mésocolon transverse contenant l’arcade de Riolan.
– au dessous du mésocolon transverse : L’angle duodéno jéjunal ; le mésocolon descendant contenant l’arcade vasculaire de Treitz.
IV. Conclusion :
L’artère rénale de situation profonde reste inaccessible à l’examen clinique, mais peut être explorée par les différentes techniques radiologiques.
Ses rapports nombreux expliquent la fréquence de son envahissement par les processus tumoraux de la région.
Malgré l’avènement de l’angioplastie percutanée, la chirurgie de l’artère rénale garde toutes ses indications dans certaines lésions complexes intéressant l’artère rénale et ses branches, ceci n’est accessible que par une thoraco phréno laparotomie qui permet un abord antérieur du pédicule rénal.