I. Introduction :
L’artère utérine, principale branche de l’artère iliaque interne, assure la vascularisation de la majeure partie de l’utérus et prend également en charge une partie des annexes (trompes et ovaires), du vagin et de la vessie. Au nombre de 2 droite et gauche, les artères utérine constituent donc, un des axes vasculaires principaux des organes pelviens chez la femme.
L’étude anatomique de l’artère utérine revêt plusieurs intérêts :
- Anatomique : l’importance de ses rapports avec les organes de voisinage, particulièrement avec l’uretère.
- Clinique : non accessible à l’examen clinique, d’où l’intérêt des explorations paracliniques.
- Paraclinique : artère explorable par échographie, échographie doppler et doppler couleur.
- Pathologique : au cours des hémorragies de la délivrance, le contrôle de l’artère est un point primordial, que ce soit dans le cadre d’une hystérectomie d’hémostase, ou lors d’embolisation artérielle en radiologie interventionnelle
- Chirurgicale : au cours d’une hystérectomie chirurgicale pour cause néoplasique ou hémorragique la ligature de l’artère utérine s’impose.
II. Anatomie descriptive :
A. Dimensions :
D’une longueur de 15 cm, et d’une largeur de 3mm en moyenne, l’artère utérine est classiquement décrite comme flexueuse.
B. Origine :
L’artère utérine est la principale branche viscérale de l’artère iliaque interne. Deux descriptions principales sont à noter, selon le mode de division de cette artère :
- Origine isolée au niveau d’un tronc antérieur de bifurcation. (56% des cas)
- Origine par un tronc commun avec l’artère ombilicale. (40% des cas)
C. Trajet :
Classiquement, son trajet est divisé en trois segments, selon sa disposition par rapport au ligament large : segments pariétal, paramétrial, mesométrial.
1. Segment pariétal rétro ligamentaire :
Oblique en bas en dedans et en avant, l’artère utérine est située en arrière du ligament large, plaquée contre la paroi pelvienne, jusqu’à l’épine ischiatique, à 5 cm environ de la ligne médiane.
2. Segment paramétrial sous ligamentaire :
Oblique en bas en dedans et en avant, l’artère utérine dans l’espace pelvi rectal supérieur surcroise l’uretère sous le ligament large, puis décrit une crosse à concavité supérieure, située à 15 mm au dessus et en dehors du cul de sac vaginal.
3. Segment mesométrial intra ligamentaire :
En entrant dans le ligament large, l’artère est d’abord verticale longe le bord latéral du corps utérin sur 5 cm en suivant un trajet sinueux ; puis elle se coude et se dirige transversalement en dehors sous le ligament utéro-ovarien.
D. Terminaison :
L’artère utérine se termine à l’extrémité inférieure de l’ovaire :
- En s’anastomosant le plus souvent avec l’artère ovarienne.
- Rarement sans vasculariser ou au contraire en vascularisant seule l’ovaire.
E. Les branches collatérales :
1. Segment pariétal rétro ligamentaire : Pas de collatérales.
2. Segment paramétrial sous ligamentaire :
· Les artères vésico vaginales : nombreuses, naissent en aval du croisement de l’artère utérine avec l’uretère, elles croisent l’uretère en avant ou en arrière et vascularisant la base de la vessie et la paroi antérieure du vagin.
· Une artère urétérale : en T, au niveau du croisement avec l’uretère.
· Une artère cervico vaginale : en dedans du croisement avec l’uretère, se dirige en dedans et vascularise le col, le CDS latéral du vagin, le bas fond vésical, et la terminaison de l’uretère.
3. Segment mesométrial intra ligamentaire :
· Les artères du col utérin : au nombre de 6, naissent à distance du col et forment un réseau vasculaire superficiel péri cervical. La 1ère artère du col donne parfois une artère azygos du vagin.
Chaque rameau se bifurque loin du col, lui permettant de se dilater au cours de la grossesse sans risque de rupture des artères.
· Les artères du corps utérin : au nombre de 8, pénètrent dans le myomètre et se divisent en 2 branches antérieure et postérieure formant ainsi un réseau vasculaire intra musculaire.
Les artères du corps utérin sont entourées de fibres musculaires constituant un véritable appareil sphinctérien qui lors de la délivrance permettent la ligature vivante de Pinard.
· Rameaux pour le ligament rond.
· Rameaux pour le ligament large.
F. Les branches terminales :
Au niveau de l’embouchure de la trompe l’artère utérine se divise en 2 branches terminales :
· Artère rétrograde du fond utérin = la récurrente utérine, pour le fond utérin, la partie initiale de la trompe et parfois le ligament rond.
C’est une artère fonctionnelle importante car elle représente souvent la zone d’insertion placentaire.
· La branche annexielle : passe sous le ligament utéro ovarien et se divise en :
- Artère tubaire interne : s’anastomose avec la tubaire externe branche de l’artère ovarienne.
- Artère ovarique interne : s’anastomose avec l’ovarique externe branche de l’artère ovarienne.
G. Les anastomoses :
· Anastomoses homolatérales : verticales, unissant entre elles les branches horizontales du corps utérin.
· Anastomoses inter-utérines : relient les différentes branches corporéales et du col des artères utérines droites et gauches.
· Anastomoses diverses avec :
- L’artère ovarienne : par les branches annexielles.
- L’artère épigastrique : par l’artère du ligament rond.
- L’artère vaginale longue : par les branches cervico vaginales.
C’est par ces anastomoses que la vascularisation de l’utérus est possible après ligature de l’artère hypogastrique.
III. Rapports :
A. Portion pariétale ou rétro ligamentaire :
L’artère utérine repose sur le fascia pelvien qui la sépare de l’obturateur interne en avant, le releveur de l’anus en bas, et le plexus sacré en arrière.
Elle est en rapport avec :
1. En avant et en haut :
· L’artère ombilicale.
· L’artère obturatrice.
· Les veines utérines antérieures.
· Les canaux lymphatiques principaux du col.
2. En arrière :
· Les volumineuses veines utérines et vaginales.
· Les canaux lymphatiques accessoires du col.
· Les artères vaginale longue, honteuse interne, et ischiatique.
· Branche postérieure de l’iliaque interne.
3. En dedans :
· L’ovaire et le CDS de douglas à travers le péritoine pariétal pelvien.
· L’uretère qui surcroise l’artère utérine à son origine.
Le rapport de proximité entre l’artère utérine et l’uretère explique la précaution que doit prendre le chirurgien lors de la ligature de l’artère utérine au cours d’une hystérectomie élargie.
B. Portion sous ligamentaire :
· Croisement avec l’uretère :
- L’artère chemine transversalement dans le paramètre de dehors en dedans.
- L’uretère prend une direction oblique en bas, en dedans et en avant.
- De ce fait les deux structures se croisent : l’artère utérine décrivant une crosse à concavité supérieure, venant surcroiser la face antéro-supérieure de l’uretère.
Ce point de croisement est variable d’un sujet à l’autre et peut être modifié par : les tumeurs pelviennes, l’acte chirurgical, et durant la grossesse.
· Pince vasculaire avec l’artère vaginale longue passant derrière l’uretère.
· Plexus veineux du pelvis : avec ses 2 groupes pré uretérique satellite de l’artère utérine et rétro uretérique satellite de la vaginale longue.
· Plexus lymphatique utérin : organisé en 2 groupes pré et rétro uretérique.
· Plexus nerveux hypogastrique inférieur : en arrière de l’artère utérine.
C. Portion viscérale ou intra ligamentaire :
· Bord latéral de la face postérieure de l’utérus.
· Le plexus veineux latéro utérin entourant l’artère utérine.
· Les collecteurs lymphatiques du corps et du col.
· Filets nerveux, en particulier le nerf latéral de l’utérus (Latarjet) toujours situé derrière l’artère.
· Organe de Rosenmüller.
D. Terminaison :
· En avant : le ligament rond
· En arrière et au-dessus : le ligament utéro-ovarien
· Au-dessous : la trompe
IV. Application clinique :
L’anatomie de l’artère utérine trouve sa principale application clinique dans la chirurgie d’exérèse.
L’étage de la ligature dépend du type d’hystérectomie pratiquée :
- Dans le cadre d’une hystérectomie subtotale : l’artère est liée au dessus de l’émergence de la cervico-vaginale.
- Pour une hystérectomie élargie : la ligature se fait au niveau de l’origine de l’utérine.
Au cours des hémorragies de la délivrance, le contrôle de l’artère utérine est un point primordial, aux vues du calibre de l’artère sur l’utérus gravide et de son importance fonctionnelle, ce temps de ligature est un des gestes importants de l’intervention.
V. Conclusion :
Axe principal de la vascularisation des organes génitaux pelviens (utérus, vagin, ovaire et trompes), l’artère utérine est d’une importance fonctionnelle considérable. Son étude anatomique retient les principales applications cliniques dans la chirurgie d’exérèse et les hémorragies de la délivrance, ainsi que son rapport intime avec l’uretère que tout chirurgien doit connaitre.