– L’hypophyse est une glande endocrine appelée également glande pituitaire. Elle est composée de 2 portions : l’adéno-hypophyse ou antéhypophyse et la neuro-hypophyse ou posthypophyse.
– Axe hypothalamo-hypophysaire ou appareil hypothalamo-hypophysaire désigne l’ensemble des relations qui s’établissent entre l’hypothalamus et l’hypophyse. Ces relations sont de 2 types :
o Relations d’ordre vasculaire avec l’antéhypophyse
o Relation de continuité d’ordre nerveux avec la posthypophyse
– L’hypothalamus contrôle l’ensemble des fonctions hypophysaires tout en subissant un rétrocontrôle hypophysaire ou des organes cibles de l’hypophyse.
– L’hypophyse contrôle 3 grandes fonctions de l’organisme : la croissance, la reproduction et la nutrition.
I- Physiologie :
A- Régulation de la sécrétion adéno-hypophysaire :
– L’activité sécrétoire des cellules de l’adéno-hypophyse est réglée par des hormones produites dans l’hypothalamus et délivrées aux cellules de l’antéhypophyse grâce aux capillaires du système porte hypothalamo-hypophysaire.
– Les hormones hypothalamiques agissent sur l’adéno-hypophyse par l’intermédiaire de récepteurs à AMPc.
[ Les hormones hypothalamiques stimulantes
– TRH (thyrotropin releasing hormone) :
o Tripeptide sécrété en grande partie dans l’hypothalamus et provoque une sécrétion rapide et maximale (20mn) de TSH et de prolactine chez l’homme.
o La TRH est sécrétée dans d’autres régions du cerveau et notamment dans un noyau de l’aire préoptique. Les thermorécepteurs sont proches de cette région. Une ↓ de la température entraîne une ↑ de la libération de TRH et inversement.
– Gn-RH ou LH-RH (Luteotropin Releasing Hormone) : décapeptide qui déclenche une sécrétion rapide et maximale (20mn) de LH, suivie de FSH mais avec un certain décalage par rapport à LH.
– CRH (Corticotropin Releasing Hormone) : il permet la libération de l’ACTH.
– PRH (Prolactin Releasing Hormone) : il permet la libération de la PRL.
– GH-RH (Growth Hormone Releasing Hormone) : il permet la libération de la somatotropine (hormone de croissance).
[ Les neuro-hormones inhibitrices
– SRIF (Somatotropin Release Inhibiting Factor) ou Somatostatine :
o Décapeptide qui inhibe la sécrétion de la GH.
o Il diminue également celle de TSH.
o La somatostatine bloque la sécrétion de l’insuline, du glucagon et de la gastrine.
– PIF (Prolactin Inhibiting Factor): bloque la sécrétion de PRL.
– MIF (Melanocyte Hormone Inhibiting factor): bloque la libération de la MSH (hormone mélano stimulante).
B- les hormones de l’adéno-hypophyse
– L’antéhypophyse sécrète différentes hormones dont les unes agissent sur des glandes endocrines (TSH, ACTH, FSH, LH) et d’autres interviennent directement au niveau des tissus (STH, PRL).
1- les hormones glycoprotéïques : TSH et les hormones gonadotropes (FSH, LH)
– Ces hormones sont des glycoprotéines, formées de 2 chaînes peptidiques α et β
– Pour ces 3 hormones, α est similaire et n’a pas d’activité biologique. β varie d’une hormone à l’autre (spécifique); elle est active en association avec α, et faiblement active seule.
– TSH : thyréotropine stimulating hormone ou hormone thyréotrope
o effets sur le corps thyroïde : ↑ de son poids et de sa vascularisation, de la captation de l’iodure, de la synthèse de thyroglobuline et des hormones thyroïdiennes
o il agit par l’intermédiaire de récepteurs membranaires à AMP cyclique.
– LH : luteinizing hormone ou hormone lutéïnisante
– FSH ou hormone folliculostimulante.
o Chez la femme :
– FSH est responsable de la maturation des follicules.
– LH et FSH permettent l’ovulation.
– LH influence la fonction du corps jaune est la sécrétion de progestérone et d’oestrogènes.
o Chez l’homme :
– FSH et LH sont nécessaire à la spermatogenèse
– LH stimule la synthèse et la sécrétion de testostérone par les cellules de Leydig
– FSH stimule le développement des tubes séminifères, l’initiation et la maturation des spermatozoïdes.
2- PRL ou LTH
– La prolactine agit directement sur les tissus périphériques (foie, ovaire, testicule …) et notamment sur la glande mammaire.
– La PRL seule a peu d’effet; elle induit la sécrétion lactée après une préparation de la glande grâce aux oestrogènes, progestatifs…
3- ACTH (Adrenocorticotropin Hormone) : stimule de la synthèse et de la libération des hormones corticosurrénaliennes et plus particulièrement le cortisol.
4- GH ou STH
– Effets sur la croissance et le métabolisme protidique : effet anabolisant
o Favorise la croissance cellulaire et la réplication de l’ADN : stimule la croissance des cartilages de conjugaison, ↑ la masse musculaire et hypertrophie les viscères, le foie, le rein, le pancréas. (Bilan azoté positif)
o Chez les adultes dont les épiphyses sont fermées, la GH initie la chondrogénèse et l’ostéogenèse responsable d’acromégalie.
o Un manque de GH avant la puberté se traduit par un nanisme harmonieux.
– Effets sur la croissance et le métabolisme lipidique : stimule la lipolyse ce qui entraîne la libération des AGL qui constituent un apport énergétique important pour l’organisme.
– Effets sur le métabolisme des glucides :
o favorise la glycolyse cellulaire au niveau du foie (effet diabétogène) puis inhibe l’action de l’insuline sur l’entrée du glucose dans le muscle.
o Les taux de GH s’élèvent pendant le jeûne pour contribuer avec le cortisol, l’adrénaline et le glucagon au maintien de la glycémie.
– Effets sur le métabolisme minéral :
o ↑ la réabsorption tubulaire rénale du phosphore (hyperphosphorémie)
o calciurie par ↓ de la réabsorption tubulaire rénale du calcium
o mais comme l’élimination fécale est diminuée par ↑ de l’absorption intestinale du calcium, le bilan du calcium peut rester positif.
C- les hormones de la neuro-hypophyse :
– La neuro-hypophyse a une structure essentiellement nerveuse. Les fibres nerveuses proviennent des noyaux supra-optiques (SO) et para-ventriculaires (PV).
– La vasopressine et l’ocytocine sont les principales neuro-hormones post hypophysaires. La synthèse a lieu dans les cellules nerveuses des 2 noyaux hypothalamiques SO et PV et de là, les hormones sont transportées, associées à la molécule transporteuse (neurophysine) par les axones, le long de neurotubules jusqu’à l’hypophyse postérieure où elles seront ensuite stockées et libérées en fonction des besoins.
1- hormone antidiurétique (ADH) ou vasopressine :
– Sécrété lorsque :
o l’osmolarité plasmatique > 280mOsm/kg H2O
o hypotension artérielle (hémorragie importante) ou ↓ du volume sanguin central stocké dans le système veineux à la suite d’une hémorragie modérée
o ↑ de la température du sang
o le système nerveux sympathique est mis enjeu (émotion, exercices physiques, tétée…)
Rq : la nicotine ↑ la libération 1’ADH, l’alcool la baisse.
– Il agit sur les portions les plus distales du néphron où elle favorise la réabsorption de l’eau (tube distal et canal collecteur). L’ADH se fixe sur un récepteur membranaire V2 lié à une protéine Gs qui active l’adényl-cyclase et forme l’AMPc
§ A très forte dose, il est hypertensive (vasoconstriction)
2- Ocytocine
– Au niveau de la glande mammaire prête à la lactation, l’ocytocine permet l’éjection du lait.
– Elle entraîne des contractions utérines maximales au moment du terme, d’où son utilisation pour faciliter la délivrance du fœtus.
– Pour que l’ocytocine puisse agir efficacement, il faut une imprégnation préalable de la glande mammaire et de l’endomètre par les hormones caractéristiques de la gravidité : oestrogènes, progestérone, prolactine.
II- Exploration :
1- Bilan biologique : hypophysiogramme statique complet et dynamique orienté.
– Axe corticotrope :
o Cortisol matinal (car cycle nycthéméral) : par méthode immunoenzymatique = 300 à 550nmol/l
o ACTH plasmatique : par radio immunologie = 20 à 30ng/l à 8h du matin
o Cortisol libre urinaire = 85 à 250nmol/j
o Epreuve de freinage à la dexaméthazone (dectancyl* = analogue structural du cortisol) : entraîne une inhibition de l’axe hypothalamo-hypophysaire ] ↓ ACTH et ↓ de la cortisolémie
o Epreuve de stimulation à l’ACTH (test au synacthène)
– Axe somatotrope :
o Taux de base de la GH et de IGF1
o Cycle de GH plasmatique et GH urinaire.
o Test de freinage de GH à l’HGPO
– Axe thyréotrope :
o Hormones thyroïdiennes) et TSH : par radio immunologie et méthode immunoenzymatique
o FT3 = 2 à 5ng/l
o FT4 = 10 à 20ng/l
o TSH = 1 à 4mu/l
o Test de stimulation à la TSH , au Néomercazole et au TRH
o Le test à la TRH est utilisé pour évaluer la réserve antéhypophysaire en TSH.
– Axe prolactinique : taux de prolactine
– Axe gonadotrope :
o Dosage du 17βestradiol, testostérone, FSH, LH
o Test au progestatif, test à la LH-RH
o Le test à la LH-RH permet de situer la cause de l’insuffisance hormonale (impubérisme, insuffisances gonadiques).
2- Bilan topographique : à la recherche d’un adénome hypophysaire.
§ Radiographie du crâne (centré sur la selle turcique)
§ TDM et IRM :
o Visualise la tumeur dès que son volume atteint 2mm
o Etudier les rapports de la tumeur avec les structures avoisinantes.
§ Bilan ophtalmique : acuité visuelle, champ visuel et fond d’œil