1. DÉFINITION ET INTRODUCTION
La présentation est l’image ou l’apparence générale que le malade donne à voir lors de l’entretien et qui traduit d’une manière externe le degré d’organisation ou de désorganisation de sa personnalité.
Sa perturbation constitue un élément d’orientation diagnostique.
S’il y a des critères qui nous permettent de reconnaître facilement certaines présentations comme pathologiques, il est par contre difficile voire impossible de décrire, une présentation normale “standard”. En effet, sans être forcément anormale, l’apparence générale peut varier d’une manière notable en fonction des tempéraments, de l’appartenance socio-culturelle, de la mode, du niveau économique etc.
2. LES TROUBLES DE LA PRÉSENTATION
La présentation peut être perturbée à plusieurs niveaux:
2-1. LA MIMIQUE ou expression du visage
Elle est habituellement en corrélation avec l’affectivité du sujet. On considère que sur le visage et dans le regard se lisent les émotions et les sentiments.
On peut également relever dans l’expression du visage des manifestations qui peuvent être pathologiques telles que l’exaltation, la bizarrerie, l’indifférence, l’angoisse, la colère, l’agressivité, etc.
Schématiquement on décrit quatre groupes de troubles de la mimique.
2-1-1. LES HYPERMIMIES ou mimiques hyper expressives.
Elles peuvent traduire
– Une exaltation de l’humeur (excitation maniaque)
– Des expressions émotionnelles exagérées (pleurs, colères, peur, angoisse…)
2-1-2. LES HYPOMIMIES ET LES AMIMIES
Elles vont de la rareté du mouvement du visage (Hypomimie)
à son immobilité complète (Amimie).
Le visage peut être figé dans une expression de:
– Tristesse, douleur morale, inhibition chez le déprimé
– Hébétude, égarement, perplexité chez le confus et le dément.
2-1-3. LES DYSMIMIES
Ce sont des discordances entre les propos du sujet et l’expression de son visage. Elles sont particulièrement observées dans la schizophrénie où on note des rires inadaptés et étranges, des bizarreries, des stéréotypies, un maniérisme…
2-1-4. LES MOUVEMENTS ANORMAUX
Tics, fibrillations, tremblements, myoclonies, grimaces, stéréotypies, etc.
Ces mouvements anormaux doivent faire évoquer d’abord une affection neurologique; mais ils sont aussi observés dans des maladies psychiatriques: schizophrénie, démence, débilité, Trouble Obsessif Compulsif (TOC)
2-2. LA TENUE
Les soins corporels, les vêtements, la coiffure, l’allure générale,… peuvent être de bons indicateurs de la personnalité du sujet, de ses troubles, de ses préoccupations, de son adaptation au milieu, de ses négligences et parfois même de son identification psycho-sexuelle.
Mais la perturbation n’est significative que lorsqu’elle traduit une inadaptation de la personne aux impératifs sociaux.
Les troubles de la tenue sont :
- Négligence, incurie, tenue débraillée, désordre,… observés généralement dans confusion mentale, démence, schizophrénie, débilité,…
- Excentricités vestimentaires, maniérisme,…
observées dans: manie, schizophrénie, délires chroniques,…
2-3. LE CONTACT
La qualité et le type du contact du malade traduisent souvent les troubles sous-jacents qu’il présente: mutisme, réticence, opposition, agressivité, méfiance, coopération, confiance, dépendance, sympathie, familiarité, supériorité, ironie, dédain, etc.
2-4. L’ATTITUDE
Elle traduit généralement le vécu du patient et son état d’âme.
Le malade peut être calme, instable, agité, agressif, ou bien abattu, tendu, inquiet, sur la défensive ou encore indifférent, bizarre,…
Dans l’attitude on apprécie également la qualité et le sens de la conservation des convenances sociales (politesse, manières …)
2-5. COMPORTEMENT PSYCHOMOTEUR
C’est un aspect particulier de l’attitude.
Les troubles du comportement psychomoteur peuvent être observés dans la présentation ou rapportés par l’entourage ou le malade lui même.
On peut observer plusieurs types de troubles du comportement psychomoteur en fonction de la pathologie présentée:
2-5-1. LE RALENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR
Il se traduit par un état d’inhibition avec une rareté des mouvements et de l’activité motrice et une pauvreté de la mimique.
Dans les cas sévères on peut observer une immobilité figée, un mutisme et au maximum un état de stupeur.
Devant le ralentissement psychomoteur on évoque essentiellement:
une dépression majeure (ou mélancolie) et une schizophrénie déficitaire.
2-5-2. L’AGITATION PSYCHOMOTRICE
Elle est caractérisée par une hyperactivité désordonnée, une hyperkinésie (augmentation des mouvements), des gesticulations, une impossibilité de se tenir en place.
- Elle peut être durable, c’est alors un état d’agitation qu’on peut observer dans: la manie, la schizophrénie, la psychose délirante aiguë, la démence,…
- Elle peut être transitoire, et c’est la crise d’agitation qui peut être observée dans les Troubles névrotiques, la psychopathie,…
2-5-3. L’AGRESSIVITÉ
Elle accompagne souvent l’agitation mais elle n’en est pas le synonyme.
L’agressivité peut être :
- verbale avec des vociférations, des insultes, des menaces,…
- physique avec des jets et des bris d’objets, des coups et blessures et parfois même des homicides.
- orientée c’est à dire que des personnes précises ou des objets sont particulièrement visés par cette agressivité verbale et/ou physique.
- ou non orientée.
L’agressivité est particulièrement observée dans
– les états psychotiques délirants: schizophrénie, paranoïa, psychose délirante aiguë,…
– la manie, la psychopathie
– les Troubles névrotiques où elle n’est pas totalement absente quoique souvent moins violente que dans les cas précédents.
2-5-3. LES IMPULSIONS
Ce sont des passages à l’acte (souvent agressifs) brusques, imprévisibles et qui n’ont pas été réfléchis et encore moins prémédités.
On les relève chez les psychopathes et les psychotiques délirants.