Les adénopathies sont une affection fréquente en pédiatrie. Leur diagnostic positif est en général aisé. Le diagnostic étiologique peut par contre être difficile. L’interrogatoire, la recherche de signes associés, l’aspect des ganglions et leur durée  d’évolution permettent d’orienter la démarche diagnostique.
Nous prendrons comme modèle la démarche diagnostique devant une adénopathie cervicale de l’enfant et nous verrons ensuite les particularités éventuelles des autres localisations des adénopathies.

I) DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE DES ADÉNOPATHIES CERVICALES 

Motif très fréquent de consultation +++

1) L’enquête clinique 

Soigneuse, elle permet souvent de se dispenser ou d’orienter les examens complémentaires :
– interrogatoire :
. mode de survenue
. date de début
. signes associés : fièvre, douleurs, amaigrissement, sueurs nocturnes….
. conditions de vie, animaux, vaccinations, BCG, maladies contagieuses dans l’entourage
. traitements déjà entrepris
– examen clinique complet :
. caractères des adénopathies : inflammation, douleur, périadénite, consistance, adhérence aux plans profonds
. état cutané en regard et à distance
. examen ORL, examen stomatologique
. autres adénopathies superficielles
. hépato-splénomégalie
. syndrome anémique, hémorragique….

2) Etapes du raisonnement et examens complémentaires 

a)  Rechercher une cause locale 
b)  Rechercher une cause générale et demander les examens usuels : hémogramme, numération
plaquettaire, vitesse de sédimentation, radiographie pulmonaire, IDR tuberculine, sérologie
toxoplasmose, mononucléose infectieuse (EBV).
c)  Ponction ganglionnaire avec adénogramme 
– indications :
. examens précédents non contributifs
. ganglion “inquiétant” d’emblée
. ganglion persistant après 3 ou 4 semaines  d’évolution (importance de la surveillance clinique +++)
– résultats :
. soit présence de pus
. soit aspect d’adénite inflammatoire
. soit cellules anormales et/ou évocatrices d’un diagnostic (un aspect inflammatoire peut être faussement rassurant)
d)  Biopsie chirurgicale si : 
– examens complémentaires +/- caractères de l’adénopathie faisant craindre une maladie maligne
– adénopathie persistante sans diagnostic durant plus de 3 à 4 semaines

II) PRINCIPALES ÉTIOLOGIES DES ADÉNOPATHIES CERVICALES 

1) Adénopathies d’origine infectieuse 

a)  Adénopathies satellites d’une infection ORL ou bucco-dentaire +++
b)  Adénites à pyogènes +++
– cause très fréquente d’adénopathie cervicale
– porte d’entrée cutanée, dentaire, buccale, ORL
– arguments éventuels : état fébrile, hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, pus à la ponction
– bactéries responsables : staphylocoque doré ou streptocoque A
– traitement par antibiothérapie : pénicilline active sur les staphylocoques, macrolide,
synergistine ou céphalalosporine orale et évacuation si collection
c)  Adénite tuberculeuse et infections à mycobactéries atypiques
– localisation cervicale très fréquente
– adénopathies sous-angulo-maxillaires indolores
– porte d’entrée buccale ou pharyngée
– éléments diagnostiques : IDR +, adénogramme (cellules géantes), aspect histologique, culture du ganglion sur Lowenstein
– traitement : exérèse ganglionnaire + antibiothérapie antituberculeuse
d)  Maladie des griffes du chat 
– adénopathies cervicales rares
– guérison spontanée
– évacuation du pus parfois nécessaire
e)  Infections virales : adénopathies cervicales isolées ou associées à d’autres adénopathies
– Mononucléose infectieuse
. signes cliniques associés (angine, fièvre….)
. syndrome mononucléosique
. sérologie EBV
– Rubéole
. adénopathies cervicales postérieures
. éruption associée
. sérologie
– Rougeole
– CMV, VIH
f)  Infections parasitaires
– Toxoplasmose
. adénopathies souvent isolées : cervicales ++
. syndrome mononucléosique
. sérologie
– Autres parasitoses plus rares

2) Adénopathies d’origine tumorale 

a)  Leucémies aiguës
– mode de révélation fréquent
– parfois associées à une infection ORL
– éléments d’orientation :
. signes cliniques associés
. données de l’hémogramme (attention aux fausses hyperlymphocytoses)
b)  Lymphomes malins non hodgkiniens 
Satellite d’un lymphome ORL (amygdale, cavum, maxillaire) ou médiastinal
c)  Maladie de Hodgkin 
– âge médian 10 ans, jamais avant 2 ans
– élément diagnostic = présence de cellules de Sternberg souvent visibles après ponction, parfois uniquement après biopsie (formes à prédominance lymphocytaire)
– biopsie dans tous les cas nécessaires
– curage ganglionnaire totalement inutile
d)  Tumeur abdominale (neuroblastome) 
Adénopathies sus-claviculaires.
e)  Tumeurs de la sphère ORL 
Rhabdomyosarcomes, sarcome indifférencié du cavum.

III) DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE DES AUTRES ADÉNOPATHIES 

La démarche du raisonnement est identique et comporte un interrogatoire, un examen clinique complet et les examens complémentaires éventuels. La topographie axillaire ou inguinale d’une adénopathie évoque plus spécifiquement certaines étiologies.

1) Adénopathies axillaires 

– adénite du BCG ou BCGite localisée, maladie des griffes du chat.

2) Adénopathies inguinales 

– maladie de Hodgkin, tumeur pelvienne (teratome, rhabdomyosarcomes)

3) Adénopathies axillaires ou inguinales 

– adénites à pyogènes satellites d’une plaie cutanée
– maladies des griffes du chat.